Dans le cadre du mois des joueuses, nous avons interviewé Charlotte Razon. Une femme qui ne manque pas d’idées et de détermination pour accomplir de nombreux projets, allant du jeu vidéo au cinéma.

 

Bonjour Charlotte. Que rêvais-tu de faire quand tu étais petite ?

Je rêvais d’être écrivain.

   
Maintenant que tu es adulte, penses-tu avoir réalisé une partie de tes rêves ?

Je fais tout pour 🙂 Je suis en train d’écrire mon premier roman.

D’où vient ta passion pour l’image (que ce soit en photographie, image filmée ou jeu vidéo) ?

En fait ma passion première étant les histoires, je me suis intéressée à tout ce qui me permettait d’en raconter, que ce soit avec des mots, des images, des mouvements ou des actions.

Quel est ton jeu préféré  ? Pourquoi ?

Quelle difficile question… Je ne crois pas avoir un jeu préféré, j’ai des jeux préférés qui correspondent à des époques.
Et ces époques reflètent aussi bien là où j’en étais moi que ce que le jeu vidéo avait dans le ventre à ces moments-là.
Les derniers en date sont certainement Breath of the Wild et Everything.

Quel est ton parcours étudiant ? Pourquoi le choix de l’ENJMIN et de l’option Game Design ?

Licence cinéma à Paris 8
Puis IAD en Belgique (Institut des Arts de Diffusion) pour une licence en réalisation et un master en écriture audiovisuelle.
Puis le master de game design à l’enjmin.

Ce dernier me paraissait la suite et fin logique à ce que j’avais entrepris avec mes études : apprendre à utiliser les moyens les plus actuels de raconter des histoires.  

Comment a réagi ton entourage à ton arrivée dans le jeu vidéo ?

Bizarrement ça les a beaucoup plus rassuré que lorsque j’ai commencé mes études dans le cinéma. « Le jeu vidéo, ça marche bien, ça », c’était un peu la pensée typique, à l’époque en tout cas.

Peux-tu nous raconter comment tu as réussi à commercialiser ton jeu étudiant, “Swap Tales : Léon !” ?

Une première version du jeu a vu le jour à l’enjmin. Pour info, c’est un mélange de jeu d’aventure et de livre dont vous êtes le héros visuel pour enfants, dans lequel on échange les mots pour modifier l’histoire et impacter la suite.

Comme le projet étudiant a bien plu, on a eu de nombreux rendez-vous avec de potentiels financeurs.
Mais au bout de deux-trois ans, on en a eu assez d’attendre que ces grosses structures réagissent. Du coup, j’ai voulu trouver un moyen de motiver l’équipe à réaliser un nouveau prototype qui comprendrait toutes les améliorations que l’on pitchait sans arrêt.

Je me disais qu’au lieu de parler de tout ce qu’on changerait, ce serait plus marquant de montrer directement la nouvelle version.
Alors j’ai trouvé un concours étonnant, première édition du festival “Magic” à Monaco, qui permettait de gagner un investissement de 100 000€ pour créer un jeu vidéo innovant.
Au départ, je voyais surtout ça comme une belle contrainte de temps pour réaliser ce nouveau prototype.
Mais on a été selectionnés et on a gagné le concours !

Alors on a créé notre société, Witty Wings, et on a développé le jeu avec toutes les nouveautés qu’on espérait développer : nouveaux graphismes, nouvelles énigmes, système d’indice dynamique, adaptations en plusieurs langues, etc.


Quelles ont été tes autres expériences dans le jeu vidéo ?

J’ai travaillé chez Quantic Dream et comme freelance pour plusieurs sociétés en tant que game et narrative designer pour du conseil et du design.

Par ailleurs, quelles ont été tes expériences dans le cinéma et l’écriture ?

J’ai été scénariste, principalement pour l’animation.

De quoi es-tu la plus fière ? As-tu un regret ?

Je suis fière d’avoir créé une façon inédite de raconter une histoire avec SwapTales:Léon! et que cela plaise à ceux qui y ont joué.

Je regrette d’avoir une santé trop fragile pour pouvoir continuer à travailler dans le milieu du jeu vidéo sans en souffrir physiquement.


Penses-tu qu’être une femme dans le jeu vidéo, t’a apporté quelque chose de particulier (positif comme négatif) ?

Je crois que ça m’a rendue beaucoup plus consciente des problèmes de sexisme et d’égalité que je ne l’étais auparavant.

Je n’avais jamais envisagé qu’on puisse refuser des idées à moi, non pas parce qu’elles sont mauvaises, mais parce que c’est moi, une femme, qui les propose.
Et pourtant, c’est arrivé !

Enfin, un conseil pour celui ou celle qui cherche à travailler dans le jeu vidéo ?

Être absolument certain que ce soit sa volonté, et pas seulement à court terme. Car il faut s’accrocher, les difficultés sont nombreuses. Et créer des jeux soi-même par tous les moyens, pour se rendre compte de ce que cela demande.

 

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Interview de Charlotte Razon : “Il faut s’accrocher”
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