Découvrez le portrait d’Anna, membre de Loisirs Numériques. A travers quelques questions, elle a accepté de nous raconter son histoire, son parcours.

 

Bonjour Anna, peux-tu te présenter rapidement ?

Hello, je me présente Anna Bressan, directrice artistique & co-fondatrice de Red Studio, studio de jeux vidéo indépendant français fondé en mars 2019. Nous créons et développons nos jeux (#Avoidvania).

Je partage mon temps entre mon poste de directrice artistique à Red Studio et l’enseignement que je dispense par mon auto-entreprise dans différentes écoles : Gaming Campus Paris, LISAA Mode et L’École des Héros. Ce sont des cours sur la création numérique, la culture de l’image et les enjeux d’une artistique (édition, mode et jeu vidéo), comprenant l’apprentissage de logiciels de création numérique (PAO). Je suis aussi autrice, j’écris des cours sur l’histoire de l’art : les arts visuels et graphiques.

Je suis aussi anciennement représentante du collège “Image et Son” de l’Académie des Arts et Techniques du Jeu Vidéo 2020-2021.

En parallèle, je m’investit beaucoup dans le milieu associatif de par mon implication (gestion de projets et création de visuels) dans l’association Women In Games France : association œuvrant pour plus de mixité et diversité dans l’industrie du jeu vidéo. Et de façon plus ponctuelle, je suis aussi présente chez Loisirs Numériques #DesertBus 😉 

Je suis “touche à tout” et surtout, je n’aime pas m’enfermer dans une tâche précise. J’aime ne pas avoir de journée qui se ressemble et cela me donne l’opportunité de rencontrer énormément de personnes différentes aux parcours variés.

Initialement, je suis issue d’une école privée spécialisée dans le jeu vidéo, répondant au nom de LISAA – L’Institut Supérieur des Arts Appliqués de Paris, promo 2017. Nom du diplôme : concepteur-réalisateur de contenus numérique option jeu vidéo 3D.

Fun fact : j’ai une passion pour les lichens, la culture du potager, les true crimes* et le stand-up.

 

[ndlr] True crime : genre de documentaire visant à dépeindre les crimes et les criminels ayant réellement existé.

 

Pourquoi as-tu décidé de travailler dans le jeu vidéo ?

Mon amour pour le jeu vidéo date de mon enfance. J’ai grandi dans une famille nombreuse où le jeu vidéo était vu comme masculin (années 90). Mes frères ainés mon initiée et de là est née ma passion du jeu vidéo. Mon envie d’en faire mon métier date du moment où j’ai compris ce qui me plaisait le plus dans ceux-ci (en plus des moments de partage), c’est-à-dire l’immersion vécue aux travers des univers (décors, lore*) tous styles confondus. Seulement, à cause du manque d’informations et représentation des métiers dans le jeu vidéo, je me suis d’abord orienté vers une voie plus classique. Depuis j’ai à cœur de faire connaître la pluralité des métiers auprès du grand public et surtout aux jeunes collégiens et collégiennes.

Ce que j’aime dans mon métier de directrice artistique et game artist, c’est donner vie à un univers unique, tiré de moultes références. Du croquis à la 3D, il y a eu de nombreuses étapes en commençant par le concept écrit, les premiers moodboards, la présentation de concept jusqu’à la mise en place d’une direction artistique finale.

 

[ndlr] Lore : histoires, coutumes et traditions d’un univers réel ou de fiction.

 

Dans le milieu professionnel (ou associatif), quels sont les plus grands obstacles que tu as eus à surmonter ?

Ils sont multiples, mais ceux qui reviennent le plus sont :

  • l’ego : cela ressort beaucoup pour les milieux artistiques et demande d’apprendre à composer avec.
  • le sexisme : le secteur fut pendant longtemps dirigé par des hommes blancs créant des jeux pour des hommes blancs. Ce huis-clos a créé ce qu’on appelle la bro-culture : un entre-soi masculin marqué par un mélange de camaraderie et d’esprit ultra-compétitif. Ces fraternités ont favorisé le machisme et la misogynie, entraînant un sentiment de toute-puissance et une déconnexion avec la réalité. De là ont suivi des dérives.
    Depuis quelques années l’industrie se veut plus inclusive, mais il y persiste encore quelques individus malveillants…
  • le réseau : se faire un réseau est essentiel quand on est à son compte et demande beaucoup d’investissement, que ce soit au niveau du temps et financièrement. Et cela à beau être un petit milieu, il n’en reste pas moins qu’il est assez élitiste.

 

Quels conseils donnerais-tu aux jeunes femmes qui n’osent pas se lancer ?

Je leur donnerais les mêmes conseils que j’ai suivis, le jeu vidéo étant une reconversion réussie.
Lancez-vous le plus tôt possible, vous avez bien moins à perdre jeune et surtout beaucoup plus d’aide, l’insertion dans le milieu en sera plus facile.

Le secteur est en pleine croissance et 73% des français jouent en 2021. Parmi ses joueurs 53% sont des hommes et 47% des femmes (cf : L’essentiel du jeu vidéo – Novembre 2021, par le SELL – Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs)

Par rapport à ce que j’ai pu dire dans la question précédente, si vous êtes inquiets en ce qui concerne le sexisme, il faut prendre en compte que les effectifs féminins sont en augmentation ces dernières années. En 2021, les femmes représentent 22% des effectifs des studios de développement (cf : Le Baromètre annuel du jeu vidéo en France – Édition 2021, par le SNJV – Syndicat National du Jeu Vidéo). De plus, il y a beaucoup d’actions qui sont mises en œuvre pour plus de mixité et d’inclusion, notamment via la création de métiers dédiés.

Enfin, n’écoutez pas la voix qui vous dit que vous n’en êtes pas capable, le syndrome de l’imposteur est un fléau au même titre que le manque de confiance en soi. Apprenez à vivre avec elle, des solutions existent pour gagner en assurance : formation prise de parole, cours d’éloquences et rhétoriques, théâtres… Les expériences et le temps seront vos alliés 🙂

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[Mois des Joueuses] Anna Bressan, directrice artistique & co-fondatrice de Red Studio
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